24.11.2010, 11:44
À madame ***.
La fine del mio amore fu già il saluto di questa donna, ed in quello dimorava la beatitudine del fine di tutti i miei desideri.
Dante, Vita nuova.
I
Ô laissez-vous aimer !… ce n’est pas un retour,
Ce n’est pas un aveu que mon ardeur réclame ;
Ce n’est pas de verser mon âme dans votre âme,
Ni de vous enivrer des langueurs de l’amour ;
Ce n’est pas d’enlacer en mes bras le contour
De ces bras, de ce sein ; d’embraser de ma flamme
Ces lèvres de corail si fraîches ; non, Madame,
Mon feu pour vous est pur, aussi pur que le jour.
Mais seulement, le soir, vous parler à la fête,
Et tout bas, bien longtemps, vers vous penchant la tête,
Murmurer de ces riens qui vous savent charmer ;
Voir vos yeux indulgents plus mollement reluire ;
Puis prendre votre main, et, courant, vous conduire
À la danse légère..... Ô laissez-vous aimer !
II
Madame, il est donc vrai, vous n’avez pas voulu,
Vous n’avez pas voulu comprendre mon doux rêve ;
Votre voix m’a glacé d’une parole brève,
Et vos regards distraits dans mes yeux ont mal lu.
Madame, il m’est cruel de vous avoir déplu :
Tout mon espoir s’éteint et mon malheur s’achéve ;
Mais vous, qu’en votre cœur nul regret ne s’élève,
Ne dites pas : « Peut-être il aurait mieux valu… »
Croyez avoir bien fait ; et, si pour quelque peine
Vous pleurez, que ce soit pour un peigne d’ébène,
Pour un bouquet perdu, pour un ruban gâté !
Ne connaissez jamais de peine plus amère ;
Que votre enfant vermeil joue à votre côté,
Et pleure seulement de voir pleurer sa mère!
La fine del mio amore fu già il saluto di questa donna, ed in quello dimorava la beatitudine del fine di tutti i miei desideri.
Dante, Vita nuova.
I
Ô laissez-vous aimer !… ce n’est pas un retour,
Ce n’est pas un aveu que mon ardeur réclame ;
Ce n’est pas de verser mon âme dans votre âme,
Ni de vous enivrer des langueurs de l’amour ;
Ce n’est pas d’enlacer en mes bras le contour
De ces bras, de ce sein ; d’embraser de ma flamme
Ces lèvres de corail si fraîches ; non, Madame,
Mon feu pour vous est pur, aussi pur que le jour.
Mais seulement, le soir, vous parler à la fête,
Et tout bas, bien longtemps, vers vous penchant la tête,
Murmurer de ces riens qui vous savent charmer ;
Voir vos yeux indulgents plus mollement reluire ;
Puis prendre votre main, et, courant, vous conduire
À la danse légère..... Ô laissez-vous aimer !
II
Madame, il est donc vrai, vous n’avez pas voulu,
Vous n’avez pas voulu comprendre mon doux rêve ;
Votre voix m’a glacé d’une parole brève,
Et vos regards distraits dans mes yeux ont mal lu.
Madame, il m’est cruel de vous avoir déplu :
Tout mon espoir s’éteint et mon malheur s’achéve ;
Mais vous, qu’en votre cœur nul regret ne s’élève,
Ne dites pas : « Peut-être il aurait mieux valu… »
Croyez avoir bien fait ; et, si pour quelque peine
Vous pleurez, que ce soit pour un peigne d’ébène,
Pour un bouquet perdu, pour un ruban gâté !
Ne connaissez jamais de peine plus amère ;
Que votre enfant vermeil joue à votre côté,
Et pleure seulement de voir pleurer sa mère!