Sonett-Forum

Normale Version: LES PASSANTS
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SONGE encor que la terre aux si beaux paysages
Où tu baignes d'azur tes yeux émerveillés,
Oui, songe que, depuis des ans multipliés,
Le sol est plein de morts qui n'ont plus de visages.

Pourtant, ils sont venus au cours pressé des âges
Dans ces bois qui jadis leur furent familiers,
Et rien, au pied moussu des arbres effeuillés,
N'a retenu les noms et marqué les passages.

Songe, pâle vivant, coeur embrasé d'amour,
Au mort que tu deviens toi-même chaque jour
Et dont les pas déjà dans l'ombre disparaissent.

Comme tous ces passants un instant aperçus,
Tu seras l'un de ceux que leurs frères délaissent...
On reste plus longtemps sous terre que dessus.